Et le massacre commence. Pour Rosie, hypnotisée par la malade, plus
rien n'existe que ce sandwich, cette bouche qui doucement,
douloureusement, s'ouvre. Et pourtant, d'un coup, elle devient
consciente de tout le reste. Le raclement des chaises derrière, le rire
lourd d'une femme, les pleurs d'un enfant, le claquement métallique de
la caisse que l'on referme, le dernier tube en vogue qui grésille dans
la pièce, la lumière blanchâtre qui tombe des grandes fenêtres, jusqu'à
son poignet fin, et de nouveau, le hamburger. La sauce qui dégouline, le
bruit de succion, lorsqu'elle lèche ses doigts. La volonté, implacable,
et la peur, qui fait trembler sa main, et agiter ses jambes sous la
table. Si grande, si forte, et si fragile à la fois.
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